PUBLIÉ LE 07 AOÛT 2023 À 20H00 MODIFIÉ LE 7 AOÛT 2023PAR FLEUR BROSSEAU, source Science & Vie
Le 26 juillet dernier, David Grusch, ex-officier du renseignement américain, a affirmé devant la sous-commission de la sécurité nationale de la Chambre des représentants chargée de la surveillance, que les autorités détenaient les preuves de l’existence d’une vie extraterrestre. Selon lui, les États-Unis dissimuleraient les restes d’un objet volant non identifié (ovni). Cependant, les preuves manquent pour étayer ses propos, qui selon certains scientifiques, s’avèrent peu crédibles.
Mystérieux Ovnis… Non seulement les États-Unis seraient en possession de débris d’objets volants non humains depuis des décennies, mais auraient également récupéré du « matériel biologique » non humain. David Grusch se considère aujourd’hui comme un lanceur d’alerte. Il a affirmé devant les membres du Congrès qu’il existait un programme secret visant à récupérer les restes d’appareils non identifiés, afin de les étudier par rétro-ingénierie. On a notamment récupéré un engin spatial en forme de cloche dans le nord de l’Italie dans les années 1930.
Il a également déclaré que des restes non-humains avaient été retrouvés et qu’il connaissait des personnes qui avaient été blessées dans le cadre de phénomènes anormaux non-identifiés, rapporte un article du Northeastern Global News. Certes, son témoignage est à la fois fascinant et effrayant. Cependant, Grusch n’a malheureusement fourni aucune preuve à l’appui. Il argue en effet que ces données étaient trop sensibles pour qu’on les partage en public. Ceci remet donc en question la véracité des ses allégations.
Un manque de détails qui suscite le doute
Après avoir lu le résumé de l’audition, Jonathan Blazek, professeur adjoint de physique à l’Université de Northeastern, estime que de par le manque de preuves scientifiques, les témoignages entendus demeurent du domaine de la science-fiction. Il remarque notamment que David Grush a été particulièrement avare de détails, ce qui laisse planer le doute. Il souligne par ailleurs que certains propos sont peu crédibles. L’ex-officier a par exemple évoqué des objets pouvant provenir « d’autres dimensions physiques ».
« Ce qui me surprend le plus, c’est que les législateurs semblent le prendre au sérieux à ce stade. Je suis sûr qu’ils savent des choses que j’ignore », a-t-il déclaré. Le physicien pense que cette audience pourrait faire partie d’« un processus visant à tout révéler au grand jour, afin que la communauté puisse examiner les éléments les plus crédibles ». Bob Spearing partage ce point de vue. Il est directeur des enquêtes internationales pour le Mutual UFO Network (MUFON). C’est une organisation qui enquête sur les cas d’observation d’ovnis qu’on lui signale.
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Mais Spearing évoque également la possibilité d’une manœuvre visant à tromper le public et les pays adverses. « Tant qu’ils n’auront pas présenté de preuves matérielles, la prudence dicte qu’il s’agit d’une campagne de désinformation. Je pense que l’on a orchestré tout cela », a-t-il déclaré. À noter que ce n’est pas la première fois qu’on formule de telles allégations. Depuis 1947, on soupçonne les autorités américaines de détenir du matériel, y compris du matériel biologique, non-humain. La nouveauté, ici, réside dans le fait que l’on a déclaré ceci sous serment – un détail plutôt « révélateur » selon Spearing.
Il se pourrait que de nombreux membres du personnel de l’Armée américaine se retiennent de divulguer des informations cruciales liées aux phénomènes aériens non identifiés (PAN) par crainte de représailles. Le témoignage de Grusch encouragera peut-être d’autres personnes à se manifester. « J’espère que cette révélation constituera un choc ontologique sur le plan sociologique et qu’elle incitera les nations du monde entier à revoir leurs priorités », a déclaré Grusch.
Rien ne permet de soutenir l’hypothèse d’une origine extraterrestre ou d’Ovnis
David Grusch n’est de loin pas la première personne à témoigner de PAN. Les signalements de plusieurs pilotes de l’Armée américaine – vidéos à l’appui pour certains – font état, eux aussi, de mystérieux objets volants. Deux d’entre eux – le commandant David Fravor, aujourd’hui à la retraite, et l’ancien pilote de chasse Ryan Graves, tous deux de l’US Navy – ont également raconté leurs expériences lors de l’audience du 26 juillet.
En 2020, le Pentagone avait déclassifié trois vidéos de phénomènes aériens non identifiés. Ils sont désormais célèbres, filmés par des pilotes de l’US Navy en 2004, 2014 et 2015. David Fravor avait été témoin du phénomène capté en 2004, montrant un engin se déplaçant à très grande vitesse. « Alors que je m’en approchais, il a rapidement accéléré vers le sud et a disparu en moins de deux secondes. C’était extrêmement brusque, comme une balle de ping-pong rebondissant sur un mur. Elle frappait et repartait dans l’autre sens », avait-il relaté à CNN en 2017.
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Face au nombre croissant de signalements d’ovnis, le Département de la Défense a mis en place, en juillet 2022, le « All-domain Anomaly Resolution Office » (ou AARO, littéralement le « Bureau de résolution des anomalies de tous domaines »). Il a pour mission d’enquêter sur les ovnis et autres PAN, qui pourraient constituer une menace. Ce nouveau bureau remplace le « Unidentified Aerial Phenomena Task Force » (UAPTF). Sa tâche était de normaliser la collecte et le signalement des observations d’ovnis.
Certes le Pentagone a confirmé l’authenticité des photos et vidéos recueillies par l’UAPTF. Cependant, plus d’une centaine d’objets présentant des schémas de mouvement ou des caractéristiques de vol inhabituels n’ont pu être identifiés. La Pentagone n’a donc jamais reconnu officiellement l’existence de PAN extraterrestres. « Nous n’avons rien vu qui puisse nous amener à croire que les objets que nous avons vus sont d’origine extraterrestre », a déclaré à CNN Ronald Moultrie. Il est sous-secrétaire à la Défense pour le renseignement et la sécurité, en décembre 2022.
Un rapport de la NASA très attendu
Sean Kirkpatrick, directeur de l’AARO, a quant à lui déclaré en avril, lors de la séance publique de la Commission sénatoriale des Forces armées, que son bureau « n’a trouvé jusqu’à présent aucune preuve crédible d’une activité extraterrestre, d’une technologie extraterrestre ou d’objets défiant les lois connues de la physique ». Selon lui, bon nombre de PAN pourraient finalement être des ballons ou des drones, utilisés à des fins autres que la surveillance ou la collecte de renseignements.
Quid des récentes révélations de Grusch ? Ce dernier précise qu’il n’a pas vu personnellement ces restes d’engins extraterrestres mais affirme avoir pu interroger des individus ayant eu une connaissance directe de l’existence d’un tel objet. Aujourd’hui, il se dit prêt à partager ses informations dans un lieu sécurisé, avec des personnes disposant des autorisations de sécurité appropriées. Comme le souligne France Info, cet homme « n’a rien d’un complotiste ou d’un illuminé ». On considère ce vétéran de l’armée de l’air comme un officier irréprochable. Il possédait un sens moral des plus solides et tous ses anciens collègues se portent garants de sa personnalité. Néanmoins, en l’absence de preuves concrètes, le doute demeure.
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Jonathan Grey, officier de l’United States Intelligence Community possède une habilitation Top-Secret. Il travaille actuellement pour le National Air and Space Intelligence Center où il a pour mission principale l’analyse des PAN. Jonathan Grey considère que les États-Unis ne sont sans doute pas les seuls à détenir des restes d’engins non identifiés. « Le phénomène de l’intelligence non humaine est réel. Nous ne sommes pas seuls. Les récupérations de ce genre ne se limitent pas aux États-Unis. Il s’agit d’un phénomène mondial, et pourtant une solution mondiale continue de nous échapper », a-t-il déclaré à The Debrief.
Alors que l’on discréditait les signalements de PAN pendant des décennies, force est de constater qu’on les prend aujourd’hui davantage au sérieux. Le Congrès fait pression pour obtenir des réponses. Dans ce contexte, le rapport d’un groupe indépendant de la NASA, composé de scientifiques de renom et chargé, depuis octobre 2022, d’étudier les origines des phénomènes anormaux non identifiés de toutes sortes, est très attendu. La date de publication a été initialement fixée à la fin du mois de juillet. Le rapport devrait être publié dans les prochains jours.