J’ai eu la chance d’être invité au Brésil comme conférencier à la conférence annuelle de Curitiba, du 15 au 19 septembre, en remplacement de Jacques Patenet qui était invité mais n’a pu s’y rendre. J’y ai parlé, comme je l’ai déjà fait plusieurs fois cette année (en Italie, à Saint-Marin, et aux Etats-Unis, à Roswell puis à Washington) de la relance de l’ufologie officielle en France. J’ai été également invité à parler de Roswell, en remplacement de Stanton Friedman, lui aussi indisponible.Incidemment, c’était ainsi la troisième fois cette année que je « remplaçais » Jacques Patenet, mais j’ai bien précisé chaque fois que c’était en tant qu’auteur indépendant.Toutefois, Yves Sillard avait approuvé mon texte.
Curitiba est une belle ville de plus d’un million d’habitants, proche de la côte atlantique, à mi-chemin entre Rio de Janeiro et Buenos Aires, mais cette conférence était loin d’avoir l’importance et l’impact médiatique de celle qui s’était tenu quelques jours plutôt à Washington D.C., le 12 novembre, au National Press Club. Cependant, cette conférence, intitulée bravement « Second Forum Mondial d’Ufologie », a été une belle réunion de participants de plusieurs pays d’Amérique du Sud – Brésil, Uruguay, Chili, Pérou, auquel se sont joints des conférenciers américains et européens. Le projet des organisateurs était de faire le point sur les études « officielles », ou proches de services officiels, dans ces différents pays, et l’on peut dire qu’ils ont bien atteint cet objectif. L’assistance était assez nombreuse, avec 300 à 400 participants selon les jours, et il convient de souligner l’ambiance cordiale et positive qui a prévalu, aussi bien entre les intervenants et les organisateurs que de la part du public. Je n’ai pas pu suivre tous les exposés, ne comprenant pas le portugais, mais un peu l’espagnol, suffisamment pour en retenir essentiellement ceci : l’ufologie se porte assez bien dans ces pays d’Amérique du Sud. Cela est dû, me semble-t-il, à une forte présence des ovnis dans ces pays, notamment ces dernières années.
Citons d’abord, parmi les orateurs brésiliens :
- Le Dr Carlos Alexandre Wuenche et le Dr Ronaldo Rogério de Freitas Mourão, deux astrophysiciens qui ont parlé de la recherche de la vie extraterrestre;
- Le Dr Ricardo Varela, informaticien, qui a parlé des erreurs d’interprétation en ufologie;
- Rafael Cury, organisateur de la conférence avec Marco Antonio Petit et Ademar José (« A.-J. ») Gevaerd, qui ont présenté des aspects importants de l’ufologie au Brésil.
Pour les autres pays, ce sont principalement :
- Le général Ricardo Bermudez et le professeur Ricardo Fuenzalida, pour le Chili ;
- Le colonel Ariel Sanchez pour l’Uruguay ;
- Le Dr Anthony Choi pour le Pérou ;
- Le Dr Richard Haines pour les Etats-Unis ;
- Nick Pope pour la Grande-Bretagne, et moi pour la France.
Tous ces intervenants ont fait des exposés solides sur l’ufologie dans leurs pays, en l’illustrant de cas souvent très intéressants, dont je vais essayer de donner quelques exemples. Mentionnons, d’emblée, le témoignage de Nick Pope et du Dr Anthony Choi, qui venaient de faire partie du panel de Washington et qui en ont fait un compte-rendu très apprécié.
Le Dr Richard Haines, un ancien responsable à la NASA du service des « facteurs humains dans l’espace » (Space Human factors Office), est aujourd’hui responsable scientifique du NARCAP (National Aviation Reporting Center on Anomalous Phenomena), groupe privé d’étude des observations aériennes, et tout spécialement des questions de sécurité. Sa plus récente étude est celle de l’observation supposée d’un ovni au-dessus de l’aéroport O’HARE à Chicago, le 7 novembre 2006, qui avait eu un certain retentissement médiatique. L’étude complète, de 150 pages, est publiée sur le site du NARCAP, et il vient de la résumer dans la revue IUR (International UFO Reporter, vol. 31 No 3). Il n’en a pas parlé à Curitiba, mais il a en revanche évoqué toute une série de cas remarquables, dont certains sont connus mais d’autres beaucoup moins, dans différents pays. Parmi les cas les plus impressionnants, citons celui d’un pilote civil mexicain, Carlos Antonio de los Santos Montiel, confronté à trois petits ovnis en forme de soucoupes, le 3 mai 1975, qui vinrent se placer autour de son avion Piper PA-24 et le mirent en difficulté. Ce cas est exposé également sur le site web du NARCAP
L’opinion globale du NARCAP est, à l’instar du rapport « Condign » britannique que Richard Haines a cité, que les ovnis ne semblent pas menacer les avions. Ils recommandent aux pilotes de garder leur sang froid, mais reconnaissent cependant qu’il leur faut parfois faire des manœuvres brutales d’évitement, dans les cas de Ne ar miss, c’est-à-dire de collision évitée de peu.Richard Haines a d’ailleurs cité, pour finir, un cas d’accident qui semble bien dû à une collision avec un ovni, aux Etats-Unis.Le 23 octobre 2002, un petit avion de transport de courrier Cessna 208B Grand Caravan s’est écrasé près de Mobile, dans l’Alabama, après que le pilote ait signalé par radio la proximité d’un ovni, l’obligeant à dévier de sa route.On a retrouvé l’avion coupé en deux, avec des traces de matériau non identifié, alors qu’il était tombé dans un marécage qui ne pouvait produire un tel effet. Ainsi, pour Richard Haines et le NARCAP, la question de la sécurité aérienne, lors de rencontres avec des ovnis, reste bien posée, et ils font une série de recommandations à ce sujet, à commencer par l’établissement d’une norme internationale de rapport d’incident aérien.
Le professeur Rodriguo Fuenzalida, du Chili, président de l’AION, groupe d’investigations ufologiques, a présenté de nombreux documents photographiques et vidéo, montrant une variété d’ovni, depuis des formes classiques jusqu’à des apparitions étranges, presque fantomatiques, que n’ont pas remarqué les témoins mais qui apparaissent sur les photos. Il a aussi évoqué des cas d’interaction entre ovnis et témoins. Une vidéo des plus remarquables montre un ovni, de forme rectangulaire, qui semble s’enfoncer graduellement dans l’eau, non loin d’un rivage. On voit que, bien qu’il soit sociologue de profession, Rodrigo Fuenzalida ne craint pas d’étudier les cas les plus étranges, et n’est pas du tout sur la ligne, prudente et ambiguë, d’un Pierre Lagrange en France. Il m’a dit d’ailleurs qu’il avait bien apprécié ma présentation de l’ufologie française, dont je n’ai pas caché les difficultés.
Le général Ricardo Bermudez, également du Chili, a créé en 1998 l’organisme officiel, à la fois militaire et civil, chargé d’enquêter sur les ovnis, appelé le CEFAA(Comite de Estudios de Phenomenos Aeros Anomalos). Son opinion sur les ovnis est on ne peut plus claire : «Personne au monde ne peut nier l’existence des ovnis ». À mon avis, avec une telle déclaration, il n’est pas près d’être invité sur une de nos « grandes » chaînes de télévision nationales. Il a exposé, notamment, un cas de rencontre aérienne avec un ovni, et a fait écouter l’enregistrement du dialogue du pilote avec la tour de contrôle. Il a signalé, d’autre part, de nombreuses observations d’ovnis dans le désert d’Atacama, au nord du Chili.
Le général Bermudez s’est félicité des contacts qu’il avait pu nouer avec d’autres pays, notamment avec l’Uruguay, et la France à l’époque du SEPRA. Il se souvient bien de Jean-Jacques Velasco qui avait fait une visite au Chili, et il m’a recommandé de lui transmettre ses salutations (ce que j’ai fait volontiers).
Le colonel Ariel Sanchez était le représentant de la commission d’enquête officielle de l’Uruguay, le CRIDOVNI, qui est l’une des plus anciennes en activité puisqu’elle a été créée en 1979 au sein de la force aérienne. Un organisme civil, non gouvernemental, le CRIFAT, a également vu le jour en 2001. Incidemment, l’Uruguay travaille avec l’Argentine, mais ce pays n’est pas aussi organisé pour l’étude des ovnis, ce qui explique son absence à la conférence.Pour le Pérou, le Dr Anthony Choi, avocat, a participé à la création du groupe OIFAA, au sein de la force aérienne péruvienne, On peut y souligner la bonne coopération entre civils et militaires, comme au Chili. Anthony Choi a fait, lui aussi, un exposé intéressant, richement illustré.Il semble s’intéresser particulièrement à des cas de contacts à « haute étrangeté ».
Tous ces représentants, officiels ou officieux, de ces pays d’Amérique du Sud, visiblement actifs et concernés par cette présence des ovnis, ont aussi en commun de souhaiter le développement d’une véritable coopération internationale, qui existe déjà entre eux, mais qu’ils souhaitent voir s’étendre au monde entier, en particulier en Europe et aux Etats-Unis. Ils ont ainsi regretté que le GEIPAN n’ait pu être présent à cette réunion.
Je termine ce compte-rendu rapide avec Nick Pope, qui a de nouveau fait son exposé classique sur l’ufologie en Grande-Bretagne, et sur ses enquêtes pendant trois ans au Ministère de l’Air britannique (MOD). Il a confirmé avec force l’affaire de Rendlesham, qui venait également d’être exposée à la réunion de Washington par deux des principaux témoins, le colonel Halt et le sergent Jim Penniston. Au sujet de Penniston, soulignons qu’il a bien redit, à Washington, avoir observé l’ovni de très près au sol, pendant une demi-heure, jusqu’à le toucher, alors que des sceptiques continuent à citer une première déclaration faite par le canal militaire, dans laquelle il disait s’en être approché à environ 50 mètres. Nick Pope a redit, il y a juste quelques jours sur la liste UFO Updates, que ce premier témoignage de Penniston avait été sciemment minoré.
Nick a aussi présenté de nouveau, à Curitiba, la fameuse journée du 31 mars 1993, avec une vague d’observations d’ovnis en forme de triangles, notamment sur la base de Cosford. Je lui ai signalé en privé que certains l’avaient vu, à une émission tournée en Allemagne, où il semblait dire que, tout compte fait, il s’agissait sans doute d’avions secrets. Pas du tout, m’a-t-il assuré. C’est un mauvais tour qu’on lui a joué en Allemagne, en extrayant habilement d’un long entretien un passage où il pouvait donner l’impression d’avoir dit cela ! Avis aux amateurs qui rêvent de« passer à la télé »…